Bien à l'abri derrière les vitres fumées, j'aperçois des morceaux de réel, des bribes de vie.

Un vieillard, en claquettes et débardeur informe, vend des cacahuètes, un autre des "chapeaux-parapluies".

Dans les ruisseaux boueux des enfants jouent, avec n'importe quoi, tout ce qu'ils trouvent.

Des jeunes jouent au basket, un filet mangé au mites leur servant de panier.

Un rien suffit à faire leur bonheur. Comment comprendre cela, nous qui avons tout, comparés à eux?

Des têtes européennes jaillissent de temps en temps de la foule, un bref instant, et replongent ensuite dans la masse en mouvement.

Des hommes, balais à la main, nettoient les côtés des autoroutes que d'autres ont sali; protégés de la poussière par un masque, et du soleil par un large chapeau, ils travaillent; et plus tard quand, au retour, nous repasserons devant eux, ils seront toujours là, jamais fatigués, ou plutôt, dans l'impossibilité de l'être.

Clémence