De: 19:45 Objet: Pages d'ecriture : 8 textes ajoutes / E. Jabes.A: "Véro et Thibaud" Bonjour ou bonsoir, Nous sommes désormais 21 dans la liste. J'ai ajouté 8 textes dans la section consacrée à Zone d'Apollinaire : Alexane, Amélie P., Amélie T., Anne-Charlotte, Anthony C., Anthony G., Aude et Audrey. Quelques réflexions. 1 Sur les pratiques d'atelier en classe : Décidément, la lecture de ces textes, que m'impose leur saisie, me permet de découvrir parfois de petits trésors. C'est sans doute là que la démarche d'atelier en classe, tout artificielle qu'elle soit (je ne suis pas écrivain, ni "intervenant" dans mon propre cours), commence à me persuader de son utilité. J'ai d'ailleurs remarqué que l'intérêt va croissant, et qu'il m'arrive parfois d'entendre en début d'heure, au milieu du brouhaha de l'installation : "M'sieur, on fait atelier aujourd'hui" ? Enfin, peu d'élèves gardent jalousement leur texte. Le fait qu'il aient eu quelques lecteur laissant la trace d'un petit message, aussi bref soit-il, y a sans doute beaucoup contribué. Quoiqu'il en soit, leur curiosité envers la chose écrite semble avérée pour beaucoup. Fait curieux, la mienne va croissant (voir ci-dessous) 2. Sur l'acte d'écrire en général : Une lecture difficile mais sans doute importante : Edmond Jabès, "Le Livre des marges". (je suis laborieusemnt parvenu à la page 66 dans l'édition de poche). J'y trouve un passage éclairant, que je livre à votre jugement, p. 47 : "Le geste d'écrire est, en premier lieu, geste du bras, de la main engagés dans une aventure dont le signe est la soif ; mais la gorge est sèche et le corps et la pensée, attentifs. Ce n'est que plus tard que l'on s'aperçoit que l'avant bras sur la page marque la frontière entre ce qui s'écrit et soi-même. D'un côté le vocable, l'ouvrage ; de l'autre, l'écrivain. En vain chercheront-ils à correspondre. Le feuillet demeure le témoin de deux monologues interminables et lorsque la voix se tait, de part et d'autre, c'est l'abîme. L'avant-bras nous comprime, nous refoule. Autour, la parole se dépense. En prenant la plume, nous pensions atteindre à une sorte de plénitude, d'unité réconfortantes. Rien n'est plus pareil, après. Coupés de nous-mêmes par notre propre audace, privés de notre bien, notre mâle et prompte réaction est de tenter de maîtriser cette voix rebelle d'encre, afin de nous en approprier. Or, la parole transcrite, aux poignets de laquelle nous avons passé les fers, que nous avons naïvement cru fixer, conserve sa liberté dans l'étendue de sa pérennité nocture. Liberté éblouie qui nous effraie et nous angoisse." Bonne soirée ou bonne journée, et à bientôt ! Cordialement, Thibaud Saintin ______________________________________________________ Pages d'écriture : http://www.chez.com/verotibo/ecrit/index.html verotibo@chez.com