Pages d'écriture / 1998-99 / Zone, d'Apollinaire / Texte de Mélanie O.
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Tu es dans la rue. Il y a du monde. Sans te soucier des autres, tu avances, et tout à coup tu vois un chiot qui pleure. Tu t'arrêtes, et tu le prends. Tu l'emmènes chez toi. Tu vois qu'il vient toujours vers toi, comme du fer vers un aimant. Tu trouves que vous êtes inséparables. Alors tu le gardes sans te soucier du futur.

Tu cours mais tu te demandes pouquoi. Tu penses à autre chose. Si tu n'étais pas en cours, qu'est-ce que tu ferais ? Tu regardes les autres et tu t'arrêtes.

Tu sors d'un magasin de vêtements, mais tu te sens nu. Tu es rouge. La honte.

Tu vas chez le coiffeur, mais tu es chauve.

Tu sors du sauna et tu as froid.

Tu es dans les bois. tu regardes. Tout est vide. Seuls les arbres bougent. On dirait qu'ils se parlent. Tu entends des coups de feu, et tu penses qu'une bête est morte. Une mort sans souffrance, et tu t'en vas. Au revoir.

Tu es seule. Debout, là, par terre, un homme. Tu le vois, il ne bouge pas. Tu ne réagis pas, tu ne sais pas quoi faire. Les gens s'approchent, s'affolent, et toi tu ne bouges pas. Un camion rouge arrive, il se presse, mais toi tu vois tout au ralenti. Tu regardes, tu ne bouges toujours pas. Les gens partent, avec les pompiers qui ont emmené l'homme qui était allongé par terre. Mais toi tu le vois toujours.

Tu es assis dans une salle de classe, et tu vois ce sac en cuir un peu banal, à demi ouvert. Tous les élèves bougent, parlent, mais toi tu vois ce sac seul, immobile, ce petit rayon de soleil qui passe juste à côté, et les stores fermés qui désirent du morse avec le reflet du soleil.

Tu es debout dans la rue, avec tes amies. Et toi, tu scotches sur cette femme assise avec son chien. Elle ne te vois pas. Tes amies te parlent, mais tu ne réponds pas ; tu regardes, comme un lion prêt à saisir ta proie. Tu regardes les gens passer mais ils ne te regardent pas, tes amies. Alors toi tu restes sans comprendre, avec des milliers de questions. Et d'un seul coup, tu cours pour rattraper tes amies.

Tu es dans la cour. Tu es immobile. Tout le monde court, s'agite, chante, rit, pleure. Tu les vois, et te dis : "quelle vie j'aurais eue à leur place ? Qu'est-ce qui me serait arrivé à leur place ?".

Tu allumes la lumière, mais il fait jour.

Tu as une serrure, mais pas de clef.

Tu as une télécommande sans télé.

Tu vois un clochard et tu te demandes "qu'est-ce que cet homme vit ?". Tu te réponds "des grosses galères".

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