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Echanger des propositions ?
(mi-décembre 1999)


Bonjour,

[...]

Merci d'un tel message, ça donne du coeur à l'ouvrage, et comme j'espère bien qu'on fera des échanges, quand Allah nous en donnera le courage, je me résume en : "banzaïïïï malgré (contre ?) les programmes", et surtout avant que les gosses ne nous fassent exploser la maison au nez. Ces échanges-là, c'est précisément ce qui nous manque, et la pression permanente qui conforte presque dans la névrose (où on finit par imposer même avec les meilleures intentions du monde ce qu'on a subi tellement : "tu ne sais pas, il y a le Savoir et je suis l'intercesseur" - c'est ainsi que je ressens ce qui transpire des si belles "séquences pédagogiques" qu'on se baratine aux moments où il faudrait parler vraiment, mais qui deviennent "concertation" ou "stage" - et on ne parle pas de partage mais "d'initiation à").

Du coup, une fois qu'on a mis le nez dans quelque chose qui ressemble à un atelier (et j'imagine que le stage ça doit déclencher quelque chose d'important, j'aimerais vraiment habiter Paris une semaine), on prend sans doute le goût du bricolage, on essaie de l'intérieur. Le problème, c'est le temps : je passe des heures devant l'écran pour la saisie, pour le courrier qui grandit de plus en plus, etc. Entre l'écran et la voiture, la salle de classe, un ciné de temps en temps, ça devient morose, même si les messages fusent, mais du coup on passe encore plus de temps devant l'écran ! D'où l'idée peut-être illusoire de la liste de diffusion, qui peut relayer de façon plus souple. Pour l'instant, elle ne sert pas tellement dans ce sens, mais elle est relativement jeune, et la demande, il me semble, est forte, alors peut-être que. En attendant, pour l'immédiat, entre deux heures sup et réunions etc, je puise dans Tramelan, lu tout juste, mais à chaque fois comme un point qui emmène ailleurs vers une lecture à faire - et qu'on désire. En gros j'essaie de me remettre à lire (ou de se laisser le temps d'y penser), ce que je n'avais jamais fait avant la prépa, et plus vraiment après, quand il a fallu se mettre à "faire cours". J'ai commencé en 93 puis il y a eu l'armée et quelques ballades, maintenant je commence ma deuxième année "en poste fixe", je demande l'étranger sans trop y croire au cas où : en ce moment, c'est la crise pour ce qui est de penser au métier. Mais comme je ne suis pas le seul et et que dans tous les métiers c'est au mieux pareil et au pire pire, ça fait tenir de voir qu'il y de bonnes raisons pour croire qu'on puisse changer quelque chose, et que ça vienne de l'intérieur. Il y a déjà des preuves qu'on peut arriver quelque chose, et que c'est ce qui motive. Et il y a tous ceux qui sont en avance depuis des siècles mais qu'on a oublié de lire parce qu'on avait entendu parler du dernier livre à la mode parce qu'écrit par un prof.

Il y a aussi une idée : risquer une fois de partir de séances d'ateliers, de tout commencer par là, dans une classe, et tant pis pour le "temps perdu" et l'inspecteur, de toute façon je ne vois pas ce qu'on aurait à perdre. Je me dis qu'on a le droit de présenter au bac un texte qu'on a écrit, et que l'examinateur entendrait parler de Saint-John Perse autrement que par une "lecture méthodique" récitée quand bien même on espérait qu'elle fût inductive.... Avec un peu de chance il (l'examinateur) irait même en acheter en poche pas cher pour le relire le soir dans sa chambre d'hôtel. Mais on se sent tout seul(e/s) et il y a le cahier de texte à remplir. D'où l'idée qu'une fois la douche de Tramelan prise on peut à partir de là fonder quelque chose. Et surtout qu'à plusieurs on a plus de chances d'oser oser.

J'ai trouvé une piste dans les programmes officiels en troisième : l'autobiographie. J'imagine déjà des séquences bien léchées, ou vaguement démagos, où il y aurait barrage pour tout ce qui pourrait être l'immédiat des élèves. J'aimerais bien essayer de fonder quelque chose où il y aurait à la base et comme unique point de départ une pratique en vrai, "in vitro" dans une séance, et qu'on fasse des allers-retours véritables et pour le plaisir avant tout. Et tant pis si on n'a pas envie ce jour là, on n'est pas obligé d'avoir envie.

Ou alors qu'on ne parle plus de "poésie" (écrit en lettres de toutes les couleurs et de polices variées) ni de "jouons avec les mots" quand on en fait (mais plutôt effectivement du Discours de Stockholm de Saint-John Perse, avec tous ses double-fonds). Autre piste, peut-être, mais pas eu le temps : du côté du GFEN, j'ai l'impression qu'il y a des mordus et des pratiques éprouvées par des gens qui sont restés profs convaincus au bout de dix ans.

Je ne sais pas trop où me situer par rapport à Internet : est-ce que ça peut ou pas ramener vers la bonne chair d'ici ou pas, à savoir la salle des profs, ce qui s'y dit autour de la photocopieuse ou de la machine à café, et si ça vaut la peine qu'on y passe tant de temps (pas à la photocopieuse, mais devant l'écran). Je commence vraiment à fatiguer, mais il est vrai que c'est la fin du trimestre, et qu'à part usiner pour le site sans trop savoir où il mène...

En tout cas, qu'il y ait au moins un relai, et la réflexion que tu proposes, j'ai l'impression qu'elle mûrit, mais qu'il faut s'y mettre et prendre des contacts pour fonder des véritables pratiques (d'où les photos sur le site, pour montrer qu'on peut se ballader quand même dans un collège même s'il y a des alarmes à incendie qu'on s'amuse à déclencher, etc, qu'on n'est pas obligé forcément de mettre des CRS partout -- mais Montbazon, ça va, c'est sûr que je ne sais pas bien pour ailleurs, la Zep j'ai donné un an seulement) mais de l'intérieur, et pas comme des "activités périscolaires", ou des "initiations à". Les programmes aussi complètement aux fraises sauf si on les utilise (la partie grammaire, par exemple, parce qu'elle est si longue, à chaque fois envisagée comme un cul-de-sac, alors qu'on se met à y comprendre quelque chose à partir de la fac, ou à partir du moment où le prof a refusé de donner la "solution" )...

Et s'y prendre tôt : que ça commence à l'école, pour qu'on ait moins à désapprendre. C'était l'idée de la page "ressources", accessible à partir de la page "échanges". On pourrait la relancer dans la liste, peut-être, et faire une sorte de répertoire d'articles, de compte-rendus... Mais il faut le temps de les écrire, et finalement c'est ce que je fais chaque soir dans le courrier ! Dans le fond, ça avance, mais plus on sera de fous, sans doute, et plus on le montrera, moins les gros méchants marchands d'édukatif nous pondront de la bonne "compétence" à marché du travail !