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Portrait d'une utopie en jeune site web
par Emmanuel Freund

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     Comment apprendre à écrire des textes ?
     – En écrivant des textes.

     Ce principe simple, voire simpliste, c'est pourtant celui qui fonde la pratique des ateliers d'écriture. Quel que soit le genre considéré, qu'il s'agisse d'écriture poétique, journalistique, narrative (écriture longue) ou encore, selon une appellation aussi imprécise qu'évocatrice, d'écriture "créative", la validité pédagogique de cette démarche n'est plus à démontrer.
     On pressent qu'elle est à l'œuvre au sein de l'école, ou bien on regrette qu'elle ne le soit pas encore suffisamment, mais, dans un cas comme dans l'autre, il manque des indicateurs précis pour évaluer exactement son ampleur. Au hasard de recueils entrevus, on constate que, dans la confidentialité de certaines salles de classe, élèves et enseignants sautent le pas et s'initient à l'art du dérapage poétique contrôlé, ou s'embarquent dans la grande aventure de la narration au long cours. Pour avoir parcouru de tels écrits, on suppute la quantité de travail et la dose d'opiniâtreté qui ont dû s'avérer nécessaires pour que les projets dont elles sont le fruit franchissent le cap de la réalisation - en l'occurrence, de la publication. Mais la rareté de ces rencontres dit bien la difficulté qu'il y a de se faire ne serait ce qu'une idée approximative sur la portée et le rayonnement des projets d'écriture en milieu scolaire.
     Un réel manque de visibilité, donc, mais aussi, et surtout, un paradoxe d'autant plus préoccupant qu'il est global : dans la grande majorité des cas où les élèves peuvent devenir auteurs, l'occasion ne leur est pas donnée d'avoir des lecteurs.


ETAT DES LIEUX

     En procurant des éléments d'analyse concernant la menée des projets d'écriture, l'opération Délire d'écrire institutionnalise la réflexion qui a cours aujourd'hui sur la mise en valeur des travaux d'élèves, et constitue même une piste allant dans ce sens.

     Délire d'écrire est une initiative du Rectorat de Rennes concernant l'enseignement primaire et secondaire en Bretagne. Son objectif est de faire l'état des projets spécifiques menés dans le domaine de la lecture, de l'écriture et de l'expression orale, d'une part et, d'autre part, de valider en priorité ceux qui apparaissent comme les plus remarquables, par la pertinence de leur contenu aussi bien que par leur aspect novateur. En 1998-1999, pour la deuxième année de cette opération qui s'étale sur trois ans, des dossiers émanant de cent trente-sept établissements ont été reçus, une quarantaine d'entre eux devant par la suite figurer dans un document diffusé sur l'ensemble de l'académie.

     En tant que recensement, le bilan qu'offre Délire d'écrire est évidemment très relatif. Comme toute initiative de ce type, cette opération dépend de la bonne volonté des participants potentiels – bon vouloir tenant ici au moins autant du bénévolat que de la bienveillance. Bien qu'il n'y ait pas lieu d'en inférer des conclusions définitives quant à l'état actuel des pratiques, l'examen des dossiers fait apparaître quelques faits marquants :
  • Prédominance des projets d'écriture longue : plus du tiers des actions, toutes catégories – lecture, expression orale et écrite – confondues
  • Diversification des types de projets d'écriture, aussi bien au niveau des dispositifs mis en place (projets interdisciplinaires, par exemple) qu'au niveau des types de production finale (textes combinant les différents types de discours)
  •      Ces constats nous ont amenés à centrer l'analyse sur les actions d'écriture longue, qui fournissent un champ d'observation suffisamment homogène et abondant pour pouvoir vérifier deux tendances majeures.


    Un essor contrarié

         La répartition des projets confirme que leur mise en œuvre, relativement fréquente à l'école primaire, se raréfie au second degré pour quasiment disparaître au lycée. Un phénomène analogue peut être observé au collège, où l'essentiel des actions se concentre en Sixième et en Cinquième, le reliquat concernant presque exclusivement les classes de Quatrième.
          Faut-il en conclure que plus un élève est censé être à même de produire un récit, moins on le met en situation de le faire ? Il faut reconnaître que, surtout dans le secondaire, les freins à la pratique de l'écriture longue ne manquent pas, à commencer par les obstacles d'ordre matériel.
         Tout d'abord, la rigidité du cloisonnement horaire induit un fonctionnement tel que, tant que l'on reste dans le cadre scolaire, il est finalement abusif de parler d'ateliers d'écriture. Or, sans être si dévoratrice de temps, l'écriture longue nécessite plutôt une certaine continuité dans la durée : à quand la généralisation des dispositifs qui permettraient de faire travailler, sur une demi-journée, des groupes à effectif réduit ? Des concepts nouveaux comme les parcours diversifiés ou les ateliers de pratique artistiques vont bien dans ce sens, mais ne concernent qu'une petite partie de l'emploi du temps des élèves.
         D'autre part, la conduite d'un projet d'écriture reste souvent perçue au mieux comme aventurière, au pire comme aventureuse, en fonction de la représentation que l'on se fait de la charge de travail nécessaire. Sans minimiser cette dernière, observons simplement qu'elle diminue à mesure que se multiplient les possibilités de travailler en équipe. Ces occasions continuant à demeurer ce qu'elles n'ont jamais vraiment cessé d'être, l'odyssée de la narration au long cours reste donc, pour l'enseignant, une traversée en solitaire, qui réclame de la part des novices un investissement et une motivation proportionnels à leur inexpérience, et de la part des initiés une passion inversement proportionnelle... à leur degré d'usure !
         Le déclin progressif de l'écriture longue au cours de la scolarité s'explique sans nul doute par un autre facteur décisif : la programmation des objectifs dans l'enseignement secondaire a été jusqu'à présent orientée de la maîtrise du discours narratif vers celle du discours argumentatif. Le fait d'instituer des exercices canoniques figés au rang d'épreuve de fin de cycle, et ce dès l'issue du collège, marque la rupture dans une continuité déjà minée par son caractère artificiel. C'est pourquoi, dès la Troisième, l'échéance du brevet des collèges (sous sa forme actuelle) réduit le plus souvent le concept d'écriture longue à l'état de gadget coûteux et peu rentable en termes de “résultats”.
         Or, les nouveaux programmes de Troisième et du lycée s'affranchissent de cette hiérarchisation entre discours narratif et argumentatif au profit d'une évolution plus souple qui fonde sa cohérence, comme on le sait, sur la maîtrise progressive des principaux types de discours. Leur application devrait donc logiquement aboutir à une recrudescence des initiatives pédagogiques élargissant le cadre des "écritures longues" pour celui, qui reste d'ailleurs à circonscrire, de “l'écriture créative”.


    Ecriture longue et réception

         Une des difficultés majeures qui entravent le développement des projets d'écriture ne dépend pas tant de la motivation des enseignants que de celle des élèves. Non que cette dernière soit inexistante, loin de là, mais avant de devenir " feu sacré ", le désir d'écrire n'est bien souvent qu'un feu de paille, surtout lorsque les scripteurs ne réalisent pas clairement pour qui ils écrivent. Or, force est de constater que l'enjeu constitué par la réception des productions d'élèves prend encore beaucoup de monde au dépourvu.
         A la rubrique destinataires envisagés, 42% des dossiers Délire d'écrire mentionnaient: " d'autres élèves " sans qu'il y ait référence explicite à un quelconque dispositif d'échange ou de partenariat avec des classes extérieures. Ce chiffre, encourageant puisqu'il semble indiquer que l'édition des textes d'élèves est désormais chose admise, dit assez les incertitudes et les limites de la réflexion concernant le public à atteindre - et sur les moyens pour l'atteindre.
         Par ailleurs, dans 27% des actions, il est précisé que l'ouvrage est destiné à enrichir le fonds de la bibliothèque ou du CDI. Si le fait de placer des productions d'élèves sur le même rayon que des œuvres littéraires socialement reconnues a un incontestable effet de valorisation symbolique, force est de reconnaître que dans les faits, les premières sont bien moins consultées qu'archivées : là comme ailleurs, les textes d'élèves, quand ils sont lus, le sont très peu, et ce pour une raison assez triviale : la qualité de la présentation d'un recueil édité avec les moyens du bord ne peut rivaliser avec l'attractivité des produits commerciaux que sont devenus les livres, et en particulier ceux destinés aux enfants et aux adolescents. Ainsi, en plaçant sur le même rang et sur le même plan littérature-jeunesse et littérature de jeunes, il n'est pas rare que l'on en arrive à dévaloriser indirectement la seconde au profit de la première, tout en soulevant incidemment, et de manière confuse, pour ne pas dire démagogique, la question de leur statut respectif.
         De son côté, la possibilité que représente la participation à des concours d'écriture paraît intéressante dans la mesure où elle alimente sur le long terme l'implication des élèves dans le projet. Elle peut se révéler par contre assez frustrante - et ce y compris lorsque les auteurs font partie des lauréats. En effet, quel que soit le verdict, il n'y a de la part des jurys aucun retour critique, ce qui fait perdre une dimension essentielle de la communication littéraire, sans parler du profit pédagogique que l'on pourrait tirer d'une évaluation qualitative qui ne soit pas le seul fait de l'enseignant.
         L'idéal serait donc d'aller à la rencontre de "vrais lecteurs", de lecteurs extérieurs – à la classe, à la famille, à l'environnement affectif et pédagogique immédiat de l'élève. Autrement dit, il s'agit de dépasser le cap de l'édition des productions pour aller vers celui de leur publication. Cette option, sans être aussi marginale qu'on pourrait le penser, reste cependant très minoritaire : dans moins d'un cinquième des dossiers est envisagée l'éventualité d'une diffusion, traditionnelle et/ou électronique.
         Or, pour les auteurs en herbe plus encore que pour les auteurs adultes, les voies de la publication "papier" sont désormais à peu près impénétrables. Après quelques expériences sans lendemain, la plupart des grandes maisons ont depuis longtemps fermé leurs portes à la littérature de jeunes, jugée trop risquée, commercialement parlant. Seuls quelques petits éditeurs, indépendants, peut-être éclairés, mais en tout cas rarissimes, acceptent parfois de défier les lois de la pesanteur économique en diffusant quelques centaines d'exemplaires de récits réalisés par des élèves. Autant de preuves d'un courage qui force le respect... autant d'épreuves sans lendemain.


    Publication sur le web : perspectives...

         Voie moyenne entre une pauvreté de moyens qui valorise mal les auteurs et une aubaine inespérée qui en récompense trop peu, la mise en ligne sur Internet est une alternative simple, rapide et presque gratuite. Permettant de contourner les contraintes matérielles, financières et juridiques qu'entraîne la publication d'un recueil, elle ouvre des perspectives plus larges : extension potentiellement illimitée du nombre de lecteurs, systématisation de la lecture critique par l'utilisation de la messagerie électronique, création de partenariats grâce à l'instauration de forums ou de listes de diffusion...
         L'idée n'est pas neuve : elle fut explorée pratiquement dès la création du web. Ces pistes, et bien d'autres, furent exploitées par de nombreux écrivains, amateurs comme professionnels, pour se faire connaître à moindre frais et établir un contact avec leurs lecteurs.
         Pionniers dans ce domaine, certains enseignants, certaines écoles se sont à leur tour engagés dans cette voie, et souvent avec succès. Exemple - remarquable - parmi bien d'autres : "Pages d'écriture" , un site personnel dédié à "l'écriture créative" au collège créé par Thibaut Saintain. Inspiré par la démarche de François Bon, ce professeur de français de l'académie d'Orléans-Tours explique ainsi sa démarche : « Pour les élèves, il s'agit d'éprouver leur texte, au moins virtuellement. L'aspect mondial du réseau, la possibilité d'être lu de partout, en bref, la publication, est la suite logique de ce qui se fait dans la salle de classe. En confiant leur texte, les élèves lui donnent la possibilité de vivre comme tel, bien qu'il reste leur propriété (...). Accepter la publication revient à assumer un statut d'auteur (...) ».
         Sur la question de la réception : « Beaucoup [de textes], par leur densité, par les interrogations qu'ils posent, (...) existent désormais et posent le problème que pose tout texte quant à sa réception. En outre, l'expérience a montré qu'ils étaient lus ». À ce jour, (octobre 1999), après moins d'un an et demi d'existence, ce site personnel totalise presque 7000 visites.
         « Plusieurs personnes ont laissé des messages (du Canada, de Finlande, de France...) qui ont été transmis aux intéressés, et qui ont provoqué l'étonnement, notamment de la part de quelques élèves en difficulté "qui n'en revenaient pas", réalisant soudain que ce qu'ils avaient écrit sans trop y croire avait plu, éveillé des souvenirs chez d'autres – y compris chez des adultes. ». Ce constat, qui met en exergue l'intérêt que représente la mise en ligne pour des enfants défavorisés sur le plan scolaire, peut être étendu aux élèves marqués par un isolement géographique ou socio-culturel, qui en fait trop fréquemment les parents pauvres des formes de valorisation plus classiques que sont, par exemple, les concours d'écriture.
         Enfin, comme « la validation est supposée extérieure, et n'est plus l'apanage du (seul) professeur », elle confère aux productions un statut social, voire artistique, et non plus simplement scolaire.


    ...et limites

         Avec l'accélération que connaît actuellement l'informatisation des écoles, il est permis de s'attendre, dans un délai relativement court, à une augmentation importante du nombre de sites d'établissement, et, corrélativement, à la prolifération de productions mises en ligne. Le manque de visibilité qui en résultera très probablement sera aggravée par le fait que ces sites sont pour la plupart dotés d'adresses trop longues. Pour l'enseignant à l'initiative de projets d'écriture, cette situation imminente n'est pas excessivement gênante dans la mesure où il se contente d'échanges avec un nombre réduit et déterminé de correspondants - c'est notamment le cas pour les classes dialoguant en réseau intranet. Mais cette formule restreint considérablement le champ des interlocuteurs potentiels, qu'ils appartiennent ou non au milieu scolaire.
         Bref, les nouvelles possibilités d'expression ouvertes par le développement des ressources Internet dans les écoles risquent d'être rapidement occultées par un effet de masse, qui aura pour conséquence de ramener la réception des textes d'élèves à son état initial.


    L'UTOPIE

         Pour prévenir cette tendance, l'idée serait de créer un portail, un site-relais doté d'une visibilité suffisante et d'une légitimité institutionnelle qui en ferait un pôle de référence en matière de projets d'écriture. Un tel site, affiché en bonne place dans le serveur académique, serait dédié à la publication élective de textes d'élèves réalisés dans le cadre d'actions lecture-écriture. Sa vocation serait triple, couvrant certains champs communs à la pédagogie des lettres, à l'action culturelle et à la recherche. Ses objectifs, quant à eux, seraient multiples. En premier lieu, il s'agirait évidemment de donner à lire, et à dire, en rendant possible une mise en dialogue entre les productions d'élèves et un rayon de lecteurs toujours plus vaste, outrepassant les cercles concentriques de la classe, de l'académie, de l'éducation nationale. En tant que base de données et pourvoyeur de contacts, la deuxième fonction d'un tel lieu pourrait être à la fois incitative et informative à l'égard de potentiels acteurs de projets désireux de développer ce type d'initiatives. Enfin, la somme des productions et des réactions critiques offrirait un panel de choix pour des investigations didactiques dans le domaine de l'écriture créative et de sa réception.

         Le projet dont l'arborescence va être décrite dans les lignes qui suivent est pour l'instant un site nomade, un navire en partance, un Hollandais volant sur le grand océan de la Toile.
         Vaisseau en gestation, et donc toujours innommé, il pourrait être baptisé "la très jeune Bibliothèque de Bretagne", ou "Brouillons de culture", ou encore "le Scribe affranchi". Pour les besoins de cet article, nous l'appellerons "Skriptür". C'est plus court, c'est plus exotique, aussi.
         La meilleure manière de faire parvenir Skriptür à bon port, c'est peut-être d'en esquisser la silhouette.


    Une arche de Noé

         L'intention première de Skriptür est une extension de la lutte dans le domaine de l'oubli : assurer une survie au plus grand nombre possible de textes d'élèves. En d'autres termes, leur trouver des lecteurs, les faire exister par l'intermédiaire d'un retour critique, et leur assurer éventuellement une descendance : les textes inachevés sont les bienvenus. L'accès à la messagerie électronique est disponible à partir de toutes les productions, le rôle du webmestre étant à ce niveau essentiel. Il s'agit non seulement de filtrer les interventions extérieures, mais aussi de les trier en fonction de leur nature, de leur pertinence et de leur provenance. En ce qui concerne l'écriture narrative, par exemple, les avis critiques sont nettement différenciés des propositions de suite de texte. L'origine géographique des messages est spécifiée dans la mesure du possible.


    Une trirème

    À partir de la page d'accueil du site, les textes sont répertoriés dans trois catégories principales, correspondant chacune aux trois types de productions les plus souvent pratiquées dans les projets de lecture-écriture :
  • écriture longue (récits en tout genre)
  • écriture poétique
  • écriture argumentative (critiques d'œuvres, plaidoyers, polémiques)

  •      Tous les textes proposés sont susceptibles d'être diffusés, en fonction de leur qualité, et à partir du moment où il s'agit de textes réalisés dans le cadre de projets d'écriture effectués à l'école.
         Cette classification n'est ni exclusive, ni permanente. Elle est susceptible d'évoluer selon la nature des envois, et par conséquent selon les orientations que prennent les ateliers d'écriture créative.
         A l'intérieur d'une catégorie textuelle, les subdivisions s'opèrent sur un schéma analogue. Par exemple, en ce qui concerne l'écriture longue, la classification des textes s'effectue sur trois strates différentes, selon trois critères. Une première distinction est faite entre récits complets et récits inachevés. A partir de la page d'accueil, il est également possible d'accéder aux textes en fonction du niveau scolaire de leurs auteurs – de la Sixième à la Terminale. Enfin, les récits sont répertoriés en fonction de leur genre : conte, récit policier, science-fiction, fantastique, voyages imaginaires, écriture de soi... La liste n'est pas exhaustive, et sera elle aussi susceptible d'évoluer en fonction des contributions.


    Un galion...

         ...Voué au (photoco)pillage. Propriété de l'Education nationale, et donc libres de droits pour l'enseignant, les textes mis en ligne sont mis à disposition pour toute utilisation à but pédagogique, ce qui offre une gamme d'exploitation très variée. Il est loisible d'utiliser les productions pour compléter un groupement de textes, ce qui permettrait entre autres choses de confronter littérature "classique", littérature-jeunesse et littérature de jeunes afin de dégager des critères de différenciation permettant de mieux cerner les frontières éventuelles entre ces différentes littératures. Une telle démarche peut être notamment féconde lors de l'étude d'un sous-genre narratif, en particulier lorsque cette étude sert de prélude à un projet d'écriture.
         En tant que revue électronique, Skriptür peut également servir de base à un travail sur la lecture et l'écriture critique. Les articles seraient ensuite envoyés par e-mail et viendraient alimenter la rubrique des textes argumentatifs... devenant à leur tour la cible potentielle d'autres critiques. Les récits, quant à eux, et en particulier les récits inachevés, publiés sous forme de feuilleton ou même en tant que tels, appelleront nécessairement des propositions de suites, ce qui ouvre un vaste champ d'activités sur les possibles narratifs.


    Un bateau-phare

         Un site n'existe que s'il est visible. Cette visibilité est déterminée par son affichage, et plus encore par ses liens. Or, les liens hypertexte ne jouent pas seulement sur l'existence du site, mais aussi sur son "essence", sa nature. En retour, ces mêmes liens rendent plus visibles les autres sites auxquels ils relient. Cet effet de valorisation réciproque joue un rôle de premier plan dans le cas d'un "portail". Par sa position en proue du serveur rectoral, Skriptür, en publiant des productions d'élèves, contribuera indirectement à la promotion des établissements émetteurs, surtout quand ces derniers seront dotés eux-mêmes d'un site web... de qualité.
         Le rayonnement de Skriptür doit s'étendre à des sites "extérieurs" émanant de personnes et de structures dont l'action et les intérêts convergent avec les siens : organismes institutionnels (IUFM, sites rectoraux...), instances associatives au premier rang desquelles figurerait le CREAL , sans oublier certains sites personnels dont la rigueur et la fraîcheur en font des partenaires à privilégier.


    Un trimaran

         En tant que réponse possible à une demande institutionnelle, Skriptür se situe "quelque part exactement" entre la didactique des lettres et l'action culturelle. A partir des productions d'élèves, l'internaute accède, par une première série de liens hypertexte, au site "pédagogie-lettres" où sont consignés les séquences et les descriptifs de projets. Si ces derniers on été effectués dans le cadre d'actions plus larges, concours de lecture ou d'écriture, projets européens, partenariats divers, une autre série de liens renverra au site "lecture-écriture" de l'action culturelle, où le visiteur aura accès non seulement à une base de données concernant ces actions, mais aussi à des listes d'intervenants et des conseils pratiques pour constituer des dossiers (d'ateliers de pratique artistique, par exemple).
         A moyen terme, une liste de diffusion sera créé sur le thème des projets. Ce forum est important dans la mesure où il est censé répondre à des attentes et des interrogations fréquentes. Par le dialogue et les échanges de pratiques, les difficultés éprouvées par de nombreux enseignants dans la poursuite de leur projet pourraient être, sinon résolues à tous les coups, du moins envisagées sous d'autres angles.
         De plus, cette formule permettrait en quelque sorte de travailler en équipe lorsque, pour des raisons diverses, cela n'est pas possible à l'échelle d'un établissement. De tels dialogues pourraient peut-être pérenniser des partenariats en faisant abstraction des fréquents changements d'affectation qui perturbent le suivi des projets dans de nombreuses équipes.
         Enfin, qui sait ? ce forum pourrait contribuer à créer des vocations...


    La caravelle et le drakkar

         Site dédié à l'exploration de nouvelles démarches d'écriture, au "commerce" entre les textes, espace virtuel profilé pour l'abordage de contrées inédites, Skriptür se veut polyvalent, d'un usage simple, souple et rapide. On le souhaite capable de traverser des océans à la recherche de terres nouvelles : roman interactif, écriture collaborative. Comme de remonter les estuaires afin de participer à la remise en cause de quelques cloisonnements établis.
         En définitive, Skriptür est basé sur un principe simple, corollaire de celui qui inaugure cet article :

         Comment développer le désir d'écrire ?
         – En donnant à lire.



    Emmanuel FREUND

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