Pages d'écriture / 1998-99 / La prose du Transsibérien, de Cendrars /Texte de Benjamin
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Tous les matins, en allant prendre le car, marcher dans mon lotissement en regardant les maisons. Comme tous les matins, regarder les symboles qu'on a dessinés (Angel, Sophie et moi), tous les mêmes, mais avec des noms différents. Les souvenirs de cette nuit là qui reviennent. Nous revoir encore dessiner cette espèce d'auréole, avec un nom au centre qui nous a servi, plus tard, de signe d'amitié. Mais pas le temps de savourer ces instants de merveilleux souvenirs, car voilà cette saloperie de chien qui aboie, comme tous les matins, dès qu'il voit quelqu'un. Comme tous les matins, les cris de ses maîtres, qui l'engueulent de leur lit et se taisent. Et voilà maintenant les voisins de ces brailleurs qui emmènent leur fils à l'école primaire. Comme tous les matins, ils rient. Comme tous les matins, ils cessent de rire et me regardent passer sans dire un mot. Comme tous les matins, ils recommencent à rire (sûrement est-ce ma personne qui les fait rire) une fois parti. Quelquefois, j'aperçois ce chat noir qui vient se frotter contre mes jambes quand il me voit. Alors, regarder ma montre en commençant à courir pour ne pas être en retard. Voir des personnes à travers les fenêtres éclairées. Arriver enfin à l'arrêt de car, et voir les autres sourire et rire. Etre réconforté ne peut se faire qu'avec des personnes amicales, compréhensives et solidaires. Penser à cela tous les matins est déjà un réconfort de cette solitude.

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