Sur cet espace nébuleux envahi par les ombres régnait la Fratridéide, constituée de trois clans de dieux: les Idoles, les Bienveillants et les Pernicieux.

Les Idoles habitaient l'Ondeo, les Bienveillants le Celestin et les Pernicieux le Nucleum.

La langue officielle des dieux était le déhylide, mais chaque clan possédait son propre dialecte.

Or, les divinités se jalousaient mortellement, à tel point qu'elles décidèrent de mesurer leurs pouvoirs en créant des sphères planétaires, surpassant la beauté ou la grandeur de celles des clans adverses.

C'est ainsi que les Idoles créerent Neptune, "le Limpide" en déhylide, Jupiter "le Puissant", et Soleil "le Rayonnant".

C'est ainsi que les Bienveillants créerent Venus "la Belle", Mercure "le Messager", et Uranus "le Savant".

C'est ainsi que les Pernicieux crérent Pluton "l'Infernal", Saturne "le Patriarche", et Mars "le Belliqueux".

Et c'est ainsi que naquit le système solaire.

La planète Soleil engendra les jumeaux Lumière et Ténèbres, et les Etoiles.

Et c'est ainsi que naquit le Temps et les Jours.

Le lendemain, les Pernicieux se rendirent compte que Soleil était la planète la plus éblouissante. Leur jalousie les rendant imaginatif, ils lancèrent un autre défi aux autres dieux: créer des êtres vivants pour peupler la planète Néant, dans la limite de leurs domaines respectifs.

C'est ainsi que les Idoles créerent le peuple de la mer.

C'est ainsi que les Bienveillants créerent la gent ailée.

C'est ainsi que les Pernicieux créerent les animaux rampants et ceux vivant sous la terre.

Usurpant leurs droits, ils créerent également les Terrestres, les herbivores et les prédateurs.

La race pacifique étant de ce fait amenée à disparaître, les Bienveillants créerent les végétaux, pour leur permettre de se fondre dans le paysage.

Et c'est ainsi que naquit l'unité du monde vivant.

Et c'est ainsi que la planète Néant fut rebaptisé Terre, "la Vie".

Et l'aube naissante vit la fin du Premier Jour.

Personne n'arrivant à se mettre d'accord sur la puissance de chacun, la Fratridéide décida de créer cette fois un être qui les représenterait vraiment sur la Terre, qui serait constitué d'une partie de leurs corps divins.

C'est ainsi que les Idoles, jetant deux cheveux blancs sur la Terre, créerent un homme et une femme au teint d'albâtre, qui engendrèrent des êtres de la même consistance.

C'est ainsi que les Bienveillants, laissant tomber deux cheveux sur la Terre, créerent un homme et une femme à la peau dorée, qui engendrèrent des êtres de la même composition.

C'est ainsi que les Pernicieux, lancant deux cheveux noirs sur la Terre, créerent un homme et une femme à la peau mate, qui engendrèrent des êtres de la même substance.

Et c'est ainsi que naquirent les différences de couleur.

Selon leurs pouvoirs, les dieux créerent des êtres puissants ou misérables.

Et c'est ainsi que naquirent les différences de statut social.

Et l'aube renaissante vit la fin du Deuxième Jour.

Or, ces créatures étaient inertes. Etant nées d'un cheveu divin, il leur manquait une âme de la même provenance.

Alors les Zéphiriens, gardiens du souffle divin, les animèrent en leur insufflant la vie.

Les dieux appellèrent ces êtres Humanoïdes, de "human", "dominant" en déhylide, et "oïde", race; car ils devaient dominer la Terre comme les dieux dominent le Monde.

Et c'est ainsi que naquirent les Humanoïdes, devenant plus tard par un caprice de la langue les Humains, puis les Hommes.

Et l'aube renaissant vit la fin du Troisième jour.

Les dieux les avaient créés dans le but de démontrer leur supériorité par rapport aux autres clans.

C'est ainsi que les Hommes furent dotés d'une agilité surprenante et d'une intelligence surpassant sans conteste le pitoyable instinct dont étaient dotés les animaux.

Bien sûr, chaque clan de la Fratridéide incita son couple-création d'Humains à se battre contre les autre Hommes, mais les dieux se rendirent vite compte que ces êtres, ne pouvant communiquer ensemble, ne distinguaient pas les membres de leur famille de leurs adversaires, exterminant alors allié comme ennemi.

C'est ainsi que les Hommes furent doués de la parole par leurs créateurs.

Ceux-ci leur ayant transmis seulement le dialecte de leur clan, les Humains purent ainsi reconnaître les amis des étrangers.

Et c'est ainsi que naquirent la diversité des langages.

Et l'aube renaissante vit la fin du Quatrième Jour.

Or, les dieux s'apercurent que tourmenter les êtres humains crées par les clans adverses était un passe-temps fort agréable. Ils envoyèrent alors toutes sortes de malheurs et de fléaux sur ces pauvres êtres.

C'est ainsi que naquirent les phénomènes d'éruption volcanique, de tremblements de terre, de raz de marée, de tempête, de pluie, de neige et de grèle, et autres désastres naturels.

Pour apaiser la colère des divinités, les Hommes apprirent à les vénèrer. Les clans enseignèrent aux Humains le culte de leurs créateurs.

Et c'est ainsi que naquirent les différentes religions.

Et l'aube renaissante vit la fin du Cinquième Jour.

Bientôt cependant les dieux furent conscients du désastre qu'ils avaient provoqué en créant ces êtres.

En effet, ceux-ci se battaient du matin au soir, empêchant les autres créatures de s'épanouir, et les dieux de se reposer.

De plus, l'extermination de la race humaine était imminente, tant la haine était forte et les combats violents.

Alors les Hippocratrices, déesses guérisseuses, soignèrent les maux des Hommes en leur offrant le Pardon, l'Espérance, la Joie, et l'Amour.

C'est ainsi, les Hommes recevant en présent la Joie, que le rire naquit, et devint le propre de l'Homme.

Et c'est ainsi que les guerres cessèrent sur Terre, et que toutes les races apprirent à cohabiter ensemble.

Et l'aube renaissante vit la fin du Sixième Jour.

Alors les dieux purent admirer leur oeuvre, et se congratulèrent.

En signe de commémoration, ils instaurèrent le Septième Jour, jour béni, de repos et d'adoration des dieux.

C'est ainsi que naquit la Semaine, "l'éternel recommencement" en déhylide, car la vie est une continuation de semaines.

Et c'est ainsi que les dieux cessèrent de se quereller, bien que certaines inimités demeurent.....

Et l'aube renaissante vit la fin du Septième Jour.

Clémence