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À qui le site est-il "réservé" ?
(début septembre 1999)


Bonjour,

Vous avez raison de poser la question de savoir à qui le site est "réservé", puisqu'au fond je ne le sais pas moi-même ! A vrai dire, je ne peux gérer à distance la mise en ligne de textes d'une façon entièrement ouverte, puisque je travaille à plein temps au collège, et que c'est un lourd travail que de saisir et mettre en ligne ce qu'ont fait les élèves. Cependant, je ne suis pas complètement fermé à la publication de textes issus "d'ailleurs". C'est même plutôt intéressant, puisque ça donne une teneur coopérative au site, une ouverture judicieuse.

Mais le problème, c'est sa gestion : c'est un site privé, donc il faut bien que je l'administre (c'est un bien grand mot d'ailleurs), que je centralise un peu ce qui s'y passe. En bref : le site n'est pas structurellement ouvert, c'est un site "perso". Mais tout ce qui va dans son sens m'intéresse, et alors, pourquoi pas ? Le tout, c'est d'en parler avant, de se mettre d'accord, etc.

Quelques contraintes concrètes : j'ai travailllé au début sur le graphisme et (fond d'écran, boutons, etc.), et tant qu'à faire, aussi réduit soit-il, il faut qu'il reste à peu près cohérent. Je peux fournir un modèle tout fait, par exemple. Le principe aussi d'une lecture possible à l'écran, qui mette en valeur le texte, un parcours possible dans une liste de prénoms ou de lieux par exemple.

Par ailleurs, je m'impose une "ligne éditoriale", celle que j'essaie laborieusement de définir à mesure, et qui apparaît dans let pages de présentation du site et de la liste de diffusion... En tout cas je ne me détourne a priori des écritures hypertextuelles ou des jeux littéraires (inspirés de l'Oulipo par exemple) - sans pour autant les dénigrer par ailleurs, mais c'est à mon sens un autre problème.

J'ai essayé de définir la démarche et les procédures à suivre, ou du moins quelques pistes, dans les sections "démarche" et "élaboration". Disons en gros qu'on ne fait pas appel à "l'imagination" : on ne donne pas pour consigne d'imaginer, mais d'aller chercher (mémoire, concentration, perceptions) l'expérience intime qui est convoquée par la proposition d'écriture, puis de lui trouver une forme.

L'appui sur le texte initial est à ce titre essentiel, puisqu'il permet de fonder une transmission, et recèle la forme sur laquelle on s'appuie. Qu'il soit du domaine moderne ou contemporain importe, parce que c'est un univers, une langue à la fois plus proches, mais aussi plus marqués, plus impliquée par l'interrogation sur le sens d'écrire.

La relecture, les échanges en classe sont également primordiaux, même s'ils se mettent en place lentement.

On ne "note" rien, on n'évalue rien : on écrit, et c'est en soi ce qui fonde la démarche (il ne s'agit pas de leurrer les élèves en exerçant une "récupération" pédagogique). En somme, on fait comme s'il s'agissait d'écrivains à part entière, qu'on aide à démarrer un jour de page blanche, et dotés d'une langue dont on se moque qu'ils l'apprennent (on ne s'intéresse pas à sa maîtrise, mais au singulier, la singularité, qu'elle va permettre de fixer, aux interrogations qu'elle pose, au décalage qu'elle produit).

En somme, on choisit le risque maximal, et on refuse la maîtrise d'un modèle ou d'une forme : personne n'est dépositaire de ce qui va se dire au moment où commence la séance, et celui qui va l'animer est avant tout dans le désir d'un texte à faire, aussi bien pour lui-même que pour ceux à qui il propose de s'aventurer dans une réflexion sur eux-même qui se situe d'abord en-deçà de la langue.

J'espère que je suis à peu près clair... A me relire, ce n'est pas si sûr.

Est-ce que ce message répond à peu près à vos questions ? Je guette votre réponse,

Bien cordialement,

Thibaud Saintin