Il va bien falloir aller marcher quelque part

Rédigé par Thibaud Saintin Aucun commentaire

On n'a pas pu "rentrer" cet été là, ne serait-ce qu'une semaine. Plus que jamais comptent les petites photos envoyées sur Whatsapp à ceux que je n'ai pas vus depuis des mois, et pour lesquels le verbe "mourir" a du sens – et nous lie.

Avec les copains, on en jouait presque, au début, de cette histoire... D'abord les lieux de haute sociabilité qui fermaient. Dieu c'est que c'est sociable, par ici.

Mais il restait les parcs : on faisait des tours à Lumphini. C'était plein de monde. Les haut-parleurs ne diffusaient plus seulement l'hymne national à dix-huit heures, mais aussi des instructions - immédiatement démenties, reléguées au rang d'absurdités, d'hypocrisie, par la simple présence des autres, bien au-delà de qu'il était autorisé dans le domaine de la présence : l'ordinaire, ici, c'est de faire semblant et de s'amuser de montrer qu'on le fait, pour l'amusement ou presque. Ensuite, on s'arrange. Alors, on s'arrangeait. C'était avant la peur. Et, puis non seulement les écoles, mais les parcs aussi ont fermé, eux aussi.

Alors on allait à côté : il restait les anciennes usines de tabac, vidées, abandonnées. Et puis ça fermait aussi. Rapidement, on se rendait compte qu'on incarnait la maladie : on était la cause, l'être à fuir, le "farang". Le suspect.

Peu à peu le rituel de la balade "de (pseudo) confinement" s'est installé. J'ai renoncé à un trimballer le "gros" appareil, parce que marcher suppose la légèreté, et le téléphone fait l'affaire. On cherche dans les petits quartiers, aux alentours des usines de tabac... Et puis là aussi, ça ferme.

Nous voilà comme des touristes, d'antan, dans "des pays imbéciles où jamais il ne pleut" - où bien où il pleut tellement au-delà de toute pluie que ce n'est plus pleuvoir — c'est plutôt, un truc qui pousse à se demander jusqu'où commence l'inondation.

S'ouvre ainsi cette petite série-souvenir de "reportages" d'un étranger/familier parmi d'autres, resté dans un étrange sur-place exploratoire – une sorte "d'ailleurs" pour les siens, mais qui est son "ici" de tous les jours.

 

 

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